Alors que le débarquement en Normandie fête ses 80 ans cette année, l’aumônier catholique du commando Kieffer a été mis à l’honneur par Mgr Jean-Yves Riocreux qui a célébré une messe avec son calice. Décédé en 2006, le père René de Naurois avait débarqué avec les 175 Français du Commando Kieffer le 6 juin 1944.
"Je dois avouer que j’en rêve encore parfois la nuit" confiait le père de Naurois dans une interview à La revue Défense Nationale en 2004. Ordonné prêtre en 1936, ce jeune prêtre toulousain choisit de rejoindre la France Libre dès ses débuts sur les conseils de son évêque et se rend à Londres où il rencontre le général de Gaulle. Il devient alors aumônier du commando de fusiliers marins français dirigés par le commandant Kieffer, "un homme sincèrement chrétien" se rappelle-t-il.
Le 6 juin 1944, à 7h30 du matin, le père de Naurois débarque sur les plages normandes avec les forces alliées au milieu des 175 Français, et s’efforce d’administrer les derniers sacrements à ceux, nombreux, qui meurent sous ses yeux.
Il se souvient même d’un camarade agonisant qui a rampé vers lui la langue tirée :
"Je lui ai donc donné la communion, toujours à plat ventre, avec les balles sifflant à 40 cm au-dessus de nos têtes. Je me suis rendu compte, quelques heures plus tard, qu’il s’agissait d’Henri Dorfsman qui était juif ! Ce fut certainement sa première communion."
Il survit au jour le plus long, et continue sa mission auprès des troupes de la France Libre jusqu’à la fin de la guerre un an plus tard. Il meurt en 2006 à 99 ans, et ses obsèques sont célébrées aux Invalides par Mgr Riocreux, évêque émérite de Basse-Terre et proche du père de Naurois.
Une messe avec son propre calice À l’occasion du 80ème anniversaire du débarquement, Mgr Jean-Yves Riocreux a tenu à dire une messe en hommage à son ami avec un calice lui ayant appartenu, non sans émotion :
"J’étais très ému de célébrer la messe ce matin en pensant à tous ceux qui sont morts et au père de Naurois."
Emmanuel Macron a lui-même salué la mémoire du père de Naurois, rappelant qu’il avait débarqué sans armes sur les plages Normandie. Aujourd’hui, il est enterré en Normandie au cimetière de Ranville, l'une des premières villes libérées, aux côtés de trois autres membres du Commando Kieffer.
Jean-Benoît Harel